Bonsoir tout le monde

Je rentre d’une semaine de vacances pendant laquelle la météo m’a empêché de faire autant de vélo que prévu, mais où j’ai pu voir des gens que j’aime, apprendre des choses et regarder défiler le paysage — le bilan est donc indubitablement positif.

Entre cette petite escapade et les articles pour le prochain Climax, je vous avoue que je suis pas en avance, donc cette semaine je vous propose trois petites histoires que m’ont fait découvrir celles et ceux à qui j’ai rendu visite.

Et dans la partie réservée aux abonnés, vous trouverez une petite mise à jour sur le permacomputing, avec lequel je vous bassine depuis de longues années, et auquel Nastasia Hadjadji a récemment consacré un article dans Le Monde.

Allez, en piste.

1. La tombée de métier

Le week-end dernier, j’étais à Clermont-Ferrand chez des amis, avec qui j’ai eu le plaisir de visiter la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson.

Cité internationale de la tapisserie - Aubusson | Cité Internationale de la tapisserie et de l’art tissé à Aubusson

La grande attraction, ce sont évidemment des tapisseries immenses et magnifiques adaptées de films de Hayao Miyazaki :

Miyazaki, qui est notoirement avare de compliments, a tellement aimé le résultat qu’une tapisserie supplémentaire est en cours de réalisation, et doit être envoyée au Japon pour y être exposée (ce qui n’est pas une mince affaire vu le poids de la bête) :

Aubusson : Totoro s’invite dans la tenture Miyazaki qui comptera finalement six tapisseries. - France Bleu
Une scène de Nausicaä de la Vallée du vent devait être cette année la 5e et dernière tapisserie de la tenture “Dans l’imaginaire d’Hayao Miyazaki”, elle attendra finalement un peu. C’est Totoro, le personnage le plus emblématique du Studio Ghibli qui s’invite au projet et sera tissé cette année.

Sincèrement c’était magnifique, on s’est perdu de longues minutes dans la contemplation de chacune des tapisseries. Mais le reste des collections m’a fasciné aussi. Je ne connaissais rien ni à la technique du lissage, ni à la vivacité de la tapisserie moderne et contemporaine, et j’ai été ébloui dans les deux cas.

Je vous recommande vivement d’y aller, ça vaut le détour — et dépêchez-vous, la Cité internationale sera fermée à partir du 27 août prochain et jusqu’à la fin de l’année 2024.

2. Waterworld

Certes, le concept de low-tech est un peu flou et confus, et j’ai des réserves théoriques quant à l’idée d’un « laboratoire pour l’avenir » qui est à peu près l’inverse d’urbain, mais j’ai tout de même été intéressé par l’histoire de ce voilier qui a fait le tour du monde en cultivant sa nourriture à bord et en expérimentant diverses techniques délicieusement solarpunk (le pyroliseur plastique, le cuir de kombucha, la phyto-épuration, etc.).

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Et si vous préférez une histoire maritime qui nous guide un peu plus concrètement vers l’avenir, je vous recommande aussi ce documentaire radiophonique sur la grande grève des Penn Sardin, il y a cent ans tout juste :

Les Penn Sardin, ouvrières en grève : un podcast à écouter en ligne | France Culture
En 1924, les ouvrières des conserveries de poisson de Douarnenez, payées une misère, se mettent en grève pour réclamer des conditions plus dignes. Récit d’une lutte victorieuse et portraits de deux femmes : Lucie Colliard, syndicaliste féministe et Joséphine Pencalet, sardinière et un temps élue.

3. Les neurotrucs

Les amis qui m’ont accueilli à Clermont-Ferrand possèdent et continuent de faire croître une bibliothèque extraordinaire, remplie d’ouvrages inattendus, disparates et non classés, et pourtant tous exactement à leur place, avec notamment une grande quantité de revues du monde entier. Parmi tout ce que j’ai lu et pris en photo au cours du week-end, je vous soumets ces paragraphes dont la lecture m’a été un grand soulagement :

Ainsi que le note le philosophe d'Oxford John Hyman, lorsque la neuroesthétique prétend montrer les aires cérébrales « impliquées » dans le sentiment et le jugement de la beauté artistique, elle ne dit rien sur Picasso ou Cézanne qui ne puisse tout aussi bien s'appliquer à Häagen Dazs ou à McDonald's. En effet, pour percevoir et apprécier un Mondrian ou un Malevitch, nous avons certainement besoin de neurones spécialisés dans la détection des lignes droites ; mais dans la mesure où ces neurones opèrent dans nombre de situations qui n'engagent pas l'art, leur fonctionnement ne nous dit rien sur celui-ci spécifiquement. (...)
On pourrait alléguer que redéfinir son objet fait partie des conditions de l'enquête et que toute recherche scientifique réduit et transforme sa matière, quand elle ne va pas jusqu'à la créer. Certes.
Il faut quand même que, si altérés fussent-ils, ses objets gardent une parenté reconnaissable avec ceux qu'on se propose d'explorer. Si l'expérience esthétique est ramenée au fait de dire si une reproduction de petites dimensions observée pendant quelques secondes lorsqu'on est allongé dans un scanner bruyant plaît ou ne plaît pas, alors le résultat apportera peut-être quelques informations sur le fonctionnement du cerveau, mais sûrement aucune sur les conditions et les mécanismes spécifiques de cette expérience.
Il est donc ironique que le succès des neuro-sciences-humaines vienne de ce qu'elles semblent donner de la consistance ontologique à des phénomènes qui prétendument en manquaient tant qu'ils restaient l'objet des seules sciences humaines. Grâce à la neuro-critique-littéraire, maintenant nous savons que lire exige un effort, implique diverses fonctions cognitives et émotionnelles et peut avoir un effet positif; mais toutes ces bonnes choses arrivent à un cerveau plutôt qu'à un lecteur.

[Fernando Vidal, « Le "neuro" à toutes les sauces : une cuisine autodestructrice », dans Sensibilités n°5]

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Voilà. Le week-end qui vient, je serai aux 48h de l’agriculture urbaine à divers endroits de Seine-Saint-Denis, je vous raconterai ça la prochaine fois, je pense.

4. Bonus track : Retrofit

Vu que je vous soulais déjà avec le permacomputing dans un zine en 2022, et dans un article pour le tout premier Climax, j’avais envie de revenir sur le sujet. Depuis, j’en suis venu à penser que ça pouvait être une pratique concrète, et pas seulement un truc de projets de recherche. Il suffit d'arrêter de jeter des trucs qui pourraient tout à fait marcher encore, et de faire l'effort de les amener jusqu'au présent.

(Je prépare un talk à ce sujet, avec plus d’exemples et une petite démo de hardware — n’hésitez pas à me contacter si ça vous intéresse)

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