Bonsoir tout le monde.

C'est l'été, on cuit, on attend d'avoir un gouvernement, tout ça, du coup ce soir j'ai surtout envie d'être bref et plaisant.

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Justement — pour se changer un peu les idées, le zine de ce mois-ci raconte le plus grand jeu télé de tous les temps : Moonshot.

Les bras cassés de la Team Rocket seront-ils élus start-up de l'année 2044 par notre jury d'investisseurs ? Vous le saurez en lisant Kimchi Overdose vol. 28 — Moonshot :

Moonshot
Le zine de ce mois-ci est un petit récit rigolo qui réimagine De la terre à la lune de Jules Verne sous la forme d’un concours de start-ups télévisé :Disponible ici en PDF à prix libre

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Allez hop, trois petites gourmandises.

1. Film Club

J'ai passé l'essentiel de ce mois de juillet à finir des boulots en souffrance et à faire du bricolage, deux activités qui vont très bien avec le fait de se gaver de films — soit pendant pour tenir le coup, soit après pour se récompenser. J'ai donc vu des tonnes de merdes chez moi et j'ai aussi profité de la programmation de classe mondiale du Méliès pour aller voir des trucs un peu plus inattendus.

J'étais notamment très curieux de découvrir enfin Typhoon Club, un film de Shinji Sōmai cité comme référence par de nombreux cinéastes japonais plus jeunes et qui a longtemps été fort difficile à voir.

De jeunes Tokyoïtes sont confinés dans leur lycée un soir de typhon, entre ennui, frustration et pulsions. Tourné la même année que Breakfast Club, Typhoon Club est son pendant cruel et mélancolique, qui prend l'adolescence de front, comme l'âge de tous les impossibles. Sens du cadre, art consommé du plan-séquence : une merveille de teen-movie, et l'un des plus beaux films japonais de la fin du XXe siècle.
Typhoon Club (Shinji Sōmai, 1985) - La Cinémathèque française

Et si j'ai bien été sensible à l'usage de la lumière, des cadrages et des plan-séquences (plus énigmatiques que virtuoses), je dois avouer que le film n'a pas été la révélation que j'attendais – à force de moments choquants et incompréhensibles, il m'a semblé y avait quelque chose d'un peu cliché dans son chaos et ses non-dits, dans la mise en scène des pulsions adolescentes comme définitivement indicibles. Et je pense que je n'étais pas le seul dans ce cas – ça faisait longtemps que je n'avais pas vu tant de gens quitter la salle avant la fin d'un film.

Ça me travaillait quand même alors je suis allé lire un peu, et je suis tombé sur ce post reddit qui résume parfaitement l'impression que Typhoon Club m'a laissé et sa réputation au Japon :

J'ai lu des critiques de Typhoon Club qui se plaignaient que les personnages se comportaient de manière inexplicable, que l'histoire était décousue, et qu'ils étaient donc incapables de s'investir émotionnellement dans le film. Et pourtant, pour mes amis japonais et moi, ce film saisissait parfaitement les émotions tumultueuses et les désirs incompréhensibles accompagnant notre passage à l'âge adulte. Le montage apparemment désordonné et les trajectoires qui peuvent paraître illogiques reflétaient nos expériences — ces souvenirs scolaires brumeux et infinis de l'adolescence désœuvrée. Beaucoup parlent de "provocation gratuite" à propos de la fin d'un des personnages, mais pour moi, et sans doute pour beaucoup de jeunes asiatiques, c'est la traduction littérale par Shinji Sōmai d'une idée développée dans The Breakfast Club : "quand on grandit, le cœur meurt”.

[Films that are exclusive to your cultural background?]

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J'en profite pour vous recommander quelques textes parlant de cinéma populaire et qui m'ont plu, ces derniers temps :

Heavy Rotation: “Run Lola Run” at 25 on Notebook | MUBI
“Don’t Call Me Junior”: Indiana Jones & the Last Crusade (1989)
Indiana Jones and the Last Crusade is about Indy saving his father. But on an emotional level, it’s about Indy learning how to love his father, to accept his father’s guidance, and to discover how much his father already loves him.
“The life of a repo man is always intense.” | Repo Man (1984)
What makes the perfect cult film? As film enthusiasts we use the phrase ‘cult film’ an awful lot. In many respects defining a cult film is like that old adage about describing an elephant: difficul…
Understanding the history of director’s cuts through 9 great examples
A long history of director’s cuts have led us to Zack Snyder and Rebel Moon

Et mon petit préféré, le gars qui regarde la trilogie des prequels Star Wars en "mode Kurosawa" (avec le doublage japonais et en passant sa télé en noir et blanc) :

Been watching Star Wars in "Kurosawa mode" and it's awesome
by u/yotothyo in blankies

2. Les corbeaux

La semaine dernière, après un tour à l'expo BD du Centre Pompidou (allez-y si vous êtes dans le coin, c'est émouvant de voir d'aussi près des planches originales aussi belles), j'ai confessé à @temptoetiam ma passion pour les corvidés : ils se souviennent de leurs amis même s'ils ne les ont pas vus depuis des années ! Ils sont potes avec des loups ! Elle m'a alors appris l'existence d'un programme du Muséum d'histoire naturelle qui étudie les mœurs des (nombreuses) corneilles de Paris :

Programme de baguage Corneille noire - CRBPO

Il y a donc dans Paris une certaine quantité de cybercorneilles équipées d'une minuscule balise GPS portée en sac à dos, information qui me réjouit plus que de raison :

OrniTrack-15 solar powered 15 gram GPS/GSM transmitter for birds
Solar-powered GPS-GPRS transmitters by Ornitela are designed for telemetry of wild birds. High energetic efficiency allows logging thousands of GPS positions.

Des visites sont d'ailleurs organisées pour rencontrer les corneilles du jardin des plantes, au cours desquelles on pourra peut-être apercevoir Flappy, le pigeon blanc qui leur colle des baffes (en bas à droite sur l'image) :

x.com/ScientistDjigr/status/1816086690017980578

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Et pour tout savoir sur les corbeaux, je vous laisse avec cette vidéo tellement bien réalisée qu'elle transcende la nerditude fondamentale de son concept – les corbeaux sont-ils cheatés ?

3. LOLA plane

Pour accompagner le zine de ce mois-ci, j'ai réalisé une petite lune à monter soi-même (sur une idée de l'incroyable Professeur Joachim).

Comme mes newsletters, mon bureau est toujours parfaitement rangé

Au départ j'avais utilisé une carte topographique de la lune publiée par le US Geographical Survey en 2015 :

USGS Scientific Investigations Map 3316: Image Mosaic and Topographic Map of the Moon

Les données avaient été collectées par le LOLA (Lunar Orbiter Laser Altimeter), un instrument de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA :

Lunar Reconnaissance Orbiter - NASA Science
NASA’s Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) was sent to the Moon to make high-resolution maps of the composition of the lunar surface and to hunt sources of water-ice.

J'ai transformé la carte en polyèdre à 80 faces grâce à ce script python :

Papercraft Pluto, and a papercraft planet pattern generator
Several years ago a friend of mine asked me to make a program for mapping a globe onto a twenty-sided die. I wrote a simple Python script,…

(si vous voulez l'utiliser vous-même pour autre chose, un peu de bidouillage sera nécessaire pour l'adapter aux version récentes des bibliothèques employées)

Et voilà !

La version finale utilise un autre fichier, préparé par la NASA à des fins de rendu 3D, mais qui donne un résultat plus propre et moins déformé :

NASA Scientific Visualization Studio | CGI Moon Kit
These color and elevation maps are designed for use in 3D rendering software. They are created from data assembled by the Lunar Reconnaissance Orbiter camera and laser altimeter instrument teams.Color ||

Vous pouvez télécharger le fichier final à imprimer et à découper ici, si vous voulez occuper un peu vos vacances, c'est cadeau :

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Et ce sera tout pour cette fois !

Prochaine newsletter je sais pas quand, je suis enfin en vacances — dans tous les cas, portez-vous bien !

M.

Bonus Track – Moonshot

Je le disais au début, le zine de ce mois-ci est un petit récit rigolo qui réimagine De la terre à la lune de Jules Verne sous la forme d'un concours de start-ups télévisé :

J'espère que ça vous fera rire

Vous trouverez le PDF à télécharger ci-dessous.

Bonne lecture !

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