C'est l'été, on cuit, on attend d'avoir un gouvernement, tout ça, du coup ce soir j'ai surtout envie d'être bref et plaisant.
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Justement — pour se changer un peu les idées, le zine de ce mois-ci raconte le plus grand jeu télé de tous les temps : Moonshot.
Les bras cassés de la Team Rocket seront-ils élus start-up de l'année 2044 par notre jury d'investisseurs ? Vous le saurez en lisant Kimchi Overdose vol. 28 — Moonshot :
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Allez hop, trois petites gourmandises.
1. Film Club
J'ai passé l'essentiel de ce mois de juillet à finir des boulots en souffrance et à faire du bricolage, deux activités qui vont très bien avec le fait de se gaver de films — soit pendant pour tenir le coup, soit après pour se récompenser. J'ai donc vu des tonnes de merdes chez moi et j'ai aussi profité de la programmation de classe mondiale du Méliès pour aller voir des trucs un peu plus inattendus.
J'étais notamment très curieux de découvrir enfin Typhoon Club, un film de Shinji Sōmai cité comme référence par de nombreux cinéastes japonais plus jeunes et qui a longtemps été fort difficile à voir.
De jeunes Tokyoïtes sont confinés dans leur lycée un soir de typhon, entre ennui, frustration et pulsions. Tourné la même année que Breakfast Club, Typhoon Club est son pendant cruel et mélancolique, qui prend l'adolescence de front, comme l'âge de tous les impossibles. Sens du cadre, art consommé du plan-séquence : une merveille de teen-movie, et l'un des plus beaux films japonais de la fin du XXe siècle.
Et si j'ai bien été sensible à l'usage de la lumière, des cadrages et des plan-séquences (plus énigmatiques que virtuoses), je dois avouer que le film n'a pas été la révélation que j'attendais – à force de moments choquants et incompréhensibles, il m'a semblé y avait quelque chose d'un peu cliché dans son chaos et ses non-dits, dans la mise en scène des pulsions adolescentes comme définitivement indicibles. Et je pense que je n'étais pas le seul dans ce cas – ça faisait longtemps que je n'avais pas vu tant de gens quitter la salle avant la fin d'un film.
Ça me travaillait quand même alors je suis allé lire un peu, et je suis tombé sur ce post reddit qui résume parfaitement l'impression que Typhoon Club m'a laissé et sa réputation au Japon :
J'ai lu des critiques de Typhoon Club qui se plaignaient que les personnages se comportaient de manière inexplicable, que l'histoire était décousue, et qu'ils étaient donc incapables de s'investir émotionnellement dans le film. Et pourtant, pour mes amis japonais et moi, ce film saisissait parfaitement les émotions tumultueuses et les désirs incompréhensibles accompagnant notre passage à l'âge adulte. Le montage apparemment désordonné et les trajectoires qui peuvent paraître illogiques reflétaient nos expériences — ces souvenirs scolaires brumeux et infinis de l'adolescence désœuvrée. Beaucoup parlent de "provocation gratuite" à propos de la fin d'un des personnages, mais pour moi, et sans doute pour beaucoup de jeunes asiatiques, c'est la traduction littérale par Shinji Sōmai d'une idée développée dans The Breakfast Club : "quand on grandit, le cœur meurt”.
J'en profite pour vous recommander quelques textes parlant de cinéma populaire et qui m'ont plu, ces derniers temps :
Et mon petit préféré, le gars qui regarde la trilogie des prequels Star Wars en "mode Kurosawa" (avec le doublage japonais et en passant sa télé en noir et blanc) :
2. Les corbeaux
La semaine dernière, après un tour à l'expo BD du Centre Pompidou (allez-y si vous êtes dans le coin, c'est émouvant de voir d'aussi près des planches originales aussi belles), j'ai confessé à @temptoetiam ma passion pour les corvidés : ils se souviennent de leurs amis même s'ils ne les ont pas vus depuis des années ! Ils sont potes avec des loups ! Elle m'a alors appris l'existence d'un programme du Muséum d'histoire naturelle qui étudie les mœurs des (nombreuses) corneilles de Paris :
Il y a donc dans Paris une certaine quantité de cybercorneilles équipées d'une minuscule balise GPS portée en sac à dos, information qui me réjouit plus que de raison :
Et pour tout savoir sur les corbeaux, je vous laisse avec cette vidéo tellement bien réalisée qu'elle transcende la nerditude fondamentale de son concept – les corbeaux sont-ils cheatés ?
3. LOLA plane
Pour accompagner le zine de ce mois-ci, j'ai réalisé une petite lune à monter soi-même (sur une idée de l'incroyable Professeur Joachim).
Au départ j'avais utilisé une carte topographique de la lune publiée par le US Geographical Survey en 2015 :
Les données avaient été collectées par le LOLA (Lunar Orbiter Laser Altimeter), un instrument de la sonde Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA :
J'ai transformé la carte en polyèdre à 80 faces grâce à ce script python :
Et voilà !
La version finale utilise un autre fichier, préparé par la NASA à des fins de rendu 3D, mais qui donne un résultat plus propre et moins déformé :
Vous pouvez télécharger le fichier final à imprimer et à découper ici, si vous voulez occuper un peu vos vacances, c'est cadeau :
Prochaine newsletter je sais pas quand, je suis enfin en vacances — dans tous les cas, portez-vous bien !
M.
Bonus Track – Moonshot
Je le disais au début, le zine de ce mois-ci est un petit récit rigolo qui réimagine De la terre à la lune de Jules Verne sous la forme d'un concours de start-ups télévisé :
J'espère que ça vous fera rire
Vous trouverez le PDF à télécharger ci-dessous.
Bonne lecture !
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