Bonsoir tout le monde,

Comme promis en janvier, voici le premier envoi d’une série que j’espère longue.

Puisque c’est une newsletter à propos de ce qui m’intéresse, j’ai décidé de l’appeler ABSOLUMENT TOUT. Et puisqu’il faut bien se donner des contraintes, on va dire que j’enverrai un mail par semaine, le mercredi soir, avec dedans trois trucs que j’aurai lus, vus, faits ou appris dans les jours précédents. J’aimerais que ce soit intéressant et facile à lire – je suis encore en phase de rodage, merci de votre indulgence.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à me dire ce qui vous aura plu ou non (en commentant ou en répondant à ce mail), à recommander à vos amis de s’abonner si vous pensez que ça peut leur plaire, et/ou à vous désabonner si je vous fatigue déjà.

Allez hop.

1. Epigraphie bretonne

J’ai passé trois jours dans le Morbihan fin février – changement climatique oblige, j’ai pris un coup de soleil en vélo sur Belle-Île. Je ne vous infligerai pas toutes mes photos de vacances, rassurez-vous, mais j’ai relevé quelques inscriptions intéressantes.

À Vannes, sur la petite île au sud du centre-ville qui sert de port de plaisance :

Sur le mur, au fond : “Breton toujours ! Français jamais !”

(si on avait un “93 toujours, Français jamais” à Montreuil, il y aurait un live de BFM et Castaner qui viendrait annoncer des mesures de reconquête)

Sur Belle-Île, autre ambiance :

(je ne sais pas s’il faut nécessairement soupçonner des continentaux de passage, ceux que j’ai vus étaient plutôt en mode gros SUV dégueu, mais après tout peut-être que ça n’interdit pas d’avoir des convictions)

Et une honnête synthèse de toutes ces préoccupations écologico-régionales à la pointe d'Arradon, l’espèce de banlieue yacht-club de Vannes :

2. Les vêtements

Ce devait être l’unique sujet de cette première newsletter, mais le texte a gonflé, gonflé, gonflé, tant et si bien que j’ai préféré ne pas vous l’infliger directement. Voici un petit extrait, allez lire la suite si le cœur vous en dit :

Choisir des vêtements sur Vinted exige de se projeter, d’imaginer leur texture et leur coupe pour les essayer en pensée, dans un geste mental assez similaire au choix de la boîte en plastique adéquate pour transvaser le contenu d’une marmite ou d’un saladier. Il faut se faire une idée de leur couleur, aussi, en jonglant avec celle indiquée (« rouge », « marine », « menthe ») et celle qu’on voit sur notre téléphone, déformée par la lumière au moment du cliché, les artefacts de compression JPEG et les imperfections de l’écran.

Évidemment, ce sera toujours un pari. Si tout a l’air d’aller, il n’y a pas grand chose pour nous retenir d’appuyer sur la détente. La friction est réduite au strict minimum, l’achat est pratiquement immédiat – le temps d’avoir des remords hop trop tard c’est déjà payé. Et ensuite on attend, en général cinq à dix jours, en consultant fiévreusement les informations cryptiques de suivi (« colis pris en charge dans notre réseau », est-ce vraiment un progrès par rapport à « colis en cours de traitement sur notre plateforme logistique » ?).

Un jour, le colis arrive tout de même. Au déballage, il y a d’abord confirmation ou infirmation immédiate de nos hypothèses sur la couleur et le toucher du tissu, puis vient l’essayage. Mais la vraie surprise, à chaque fois, c’est l’odeur. Il y a des lessives qu’on finit par reconnaître, il y a les gens qui mettent du parfum pour masquer l’odeur de tabac froid, et puis parfois il y a simplement la trace presque imperceptible d’une odeur corporelle inconnue, qu’on détecte quand on enfile le vêtement pour la première fois. Cette proximité sensorielle crée une intimité qu’on n’a pas voulue mais dont on se sent responsable, une forme de voyeurisme, qui m’évoque un peu le fait d’entrer brièvement chez les gens quand on leur achète des trucs sur le bon coin.

Le reste ici.

3. Traduction machine

Récemment j’ai traduit pas mal de textes sur la politique étrangère de la Turquie — enfin non, je ne les ai pas traduits, j’ai relu et corrigé de la traduction machine, ce qui se produit de plus en plus fréquemment quand les clients sont des pingres (je voudrais dire aux jeunes : ce n’est pas tellement le moment de devenir traducteur, à moins d’avoir d’autres compétences ou de parler des langues rares — mais je m’égare).

La vérité, c’est que les résultats de la traduction machine sont devenus très convaincants. Les agences ont le meilleur matériau possible pour entraîner leurs moteurs de traduction, à savoir les traductions réalisées par des professionnels sur des textes similaires, et dans de nombreux cas, je dois bien avouer que le résultat est meilleur que ce que j’aurais produit.

Mais ça n’interdit pas quelques incidents comme celui-ci :

Voilà.

À mercredi prochain !

M.

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ABSOLUMENT TOUT paraît un mercredi sur deux, avec chaque fois trois trucs intéressants.

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