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Ce mois-ci, Kimchi Overdose raconte les histoires d’un site internet qui n’a guère besoin qu’on le présente : le Bon Coin.

Le PDF est à télécharger en bas, et la version papier sera bientôt expédiée aux abonnés Patreon (promis juré cette fois, j’ai fait les enveloppes et tout).

Bonne lecture, et n’hésitez surtout pas à m’envoyer vos commentaires ou à en parler autour de vous si ça vous a plu.

M.


Il y a souvent des moments curieux où on sent bien, l’autre et moi, qu’on ne serait jamais adressé la parole sans le Bon Coin, qu’on n’est vraiment pas du même monde. Je pense au jeune homme à qui j’ai acheté un jouet pour ma gamine, en réalisant soudain que c’était juste un ado qui se débarrassait (avec un peu de gêne mais peut-être aussi des regrets) de ce qui faisait trop bébé dans sa chambre. Je pense au Hollandais retrouvé dans une station de métro et qui m’a dit, dès la poignée de main : « C’est la première fois que je vois un Français en avance ». Je pense au gars qui m’a racheté le sac de frappe de mes gamins, et qui me trouvait en bien piètre forme. Aux deux jeunes gens qui sont venus chercher une antique gazinière qu’on vendait et qui étaient ravis, car celle de leur mère — exactement la même ! — était tombée en panne, et la vieille dame se désolait de devoir en changer. Je pense à tous les gars qui vendent les instruments de musique que j’achète à mes enfants, et qui me font l’effet d’appartenir à une autre espèce que la mienne — soit parce qu'ils sont fort riches et vivent clairement d'une autre façon que moi, soit parce que ce sont des artistes, qui m'inspirent toujours une forme de terreur sacrée. Je pense au type incroyablement déplaisant qui nous a acheté une cheminée en marbre, Eh ouais mon petit pote, c’est pour un décor de cinéma, la classe hein ? Je pense surtout aux riches innombrables de l’ouest parisien que je vais soulager des trucs qu’ils vendent à vil prix et qui me trouvent chaque fois merveilleusement exotique.

Cômment ? Montreuil ? Quelle drôle d’idée. Je sens qu’il y a chez eux aussi le petit frisson de rencontrer quelqu’un qui n’est pas de leur monde, de gagner eux aussi quelques euros tout en suivant les préceptes de Mari Kondo, tout ça sous couvert de petit geste écocitoyen pour la planète.

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