Bonsoir tout le monde.
J'espère que vous allez tous bien et que vous avez pu éviter tout contact avec les forces de l'ordre ces derniers temps.
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Je profite d'avoir votre attention pour vous prévenir que le nouveau Climax arrive — vous pouvez le commander ici !
J'y ai écrit plusieurs articles, notamment un sur l'embourgeoisement de la fripe (la genfripication, donc) que vous pouvez apercevoir là si vous voulez un petit avant goût.
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Voilà. À part ça, cette semaine, j'avais envie de creuser un peu ce que je vous racontais la dernière fois à propos du solarpunk, en tentant de faire le tri dans un mouvement protéiforme, dont se réclament tant des fans de Bitcoin que des autonomes, des coopératives ouvrières que des start-ups.
1. Maisons en kit
En lisant le remarquable petit livre sur Le confort moderne de @notoriousbrige (à télécharger gratuitement ici), j'ai été surpris d'apprendre quelque chose que j'aurais dû savoir, vu le temps que je passais à lire des catalogues quand j'étais enfant : à l'hiver 1994-1995, les 3 Suisses et Philippe Starck vendaient un kit contenant des plans pour se construire une maison :
Le dessin et les volumes de la maison sont l'œuvre du designer Philippe Starck, les plans ont été réalisés à Paris par un concepteur, Patrick Bouchain et deux architectes, Loïc Julienne et Jean-Marie Mandon. La maison dispose d'une surface habitable de 138 m² et d'un auvent extérieur d'une surface de 150 m² (une version sans auvent existe également). La toiture est en zinc, les murs sont constitués de bois et de verre. Le coffret sera édité à un peu plus de 500 exemplaires, il fut commercialisé en 1994/1995 par les 3 Suisses durant 6 mois au prix de 4900 francs. L’achat d’un coffret numéroté ouvre les droits(*) pour la réalisation d'une maison.
Le coffret est réalisé en bois (contreplaqué) de teinte chêne clair, il pèse environ 10 kg, et mesure 80 cm X 63 cm X 9 cm. Il est numéroté au moyen d'une inscription faite à la main au feutre indélébile sous le logo STARCK situé au centre du couvercle. Trois charnières et deux crochets en laiton servent de fermeture.
[Le coffret maison STARCK des 3 Suisses]
5000F pour une boîte en bois et le droit d'utiliser son contenu, c'est vraiment visionnaire sur ce que le capitalisme nous réservait pour les années 2000.
La presse de l'époque s'extasiait de l'audace de vendre "une maison par correspondance", oubliant un peu vite qu'au début du vingtième siècle aux États-Unis, Sears donnait les plans, mais vendait tous les matériaux nécessaire à construire une maison sur catalogue :
La vraie innovation de Starck a donc été de ne vendre que les plans, l'idée d'une maison en kit, dont on pourra dire (après avoir réglé quelques détails triviaux tels que l'achat d'un terrain et sa viabilisation) qu'elle a été dessinée par Philippe Starck. Tout cela est merveilleusement post-moderne, et donc parfaitement adapté aux années 90.
C'est manifestement le nom de Starck qui constitue l'essentiel de la proposition de valeur dans cette affaire, puisqu'aujourd'hui ces kits se vendent pour des milliers d'euros entre collectionneurs, alors que bien peu de gens construisent effectivement la maison : on en connaît 5, prototype compris, plus une qui s'inspire des plans d'origine.
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Évidemment tout ça est un peu trop propre et spacieux pour être qualifié de solarpunk. Mais le concept de la maison en kit reste, lui, très populaire. On trouve aussi aujourd'hui beaucoup de tutoriels modestes et accessibles pour se constuire une petite maison :
Ces cabanes autonomes à se construire au milieu de la forêt, à mi-chemin entre la tiny house de vacances et l'utopie collapso, reviennent souvent dans les forums et communautés solarpunk en ligne. Elles sont faciles à alimenter en énergie avec un poêle et quelques panneaux solaires, certes. Mais elles restent des résidences fondamentalement secondaires, dont il est certain qu'il n'y en aura pas pour tout le monde.
Score final
Solar : 7/10 🔆
Punk : 3/10 🧷
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Moi ce qui m'intéresserait, c'est un kit à monter soi-même de solarpunkification du logement qu'on a déjà, à l'exemple du gars qui a résilié l'abonnement à l'électricité de son appartement new-yorkais :
Aujourd'hui, plus de la moitié de l'humanité vit en villle. J'ai toujours pensé que vivre "déconnecté du réseau" impliquait d'habiter dans les bois, en menant une vie simple avec une source d'énergie alternative. Sauf que moi, je travaille à Manhattan et je dois gagner ma vie. (...) Même si les choix politiques et ceux des entreprises sont plus importants que ceux des individus, j'étais tout de même curieux de savoir si je pouvais avoir des pratiques plus durables. (...)
Et je voulais savoir à quel point ce serait facile (ou difficile) pour d'autres citadins d'en faire autant, tant pour mener une vie plus durable que pour faire baisser leurs factures. (...) En plus des avantages manifestes qu'il y a à réduire sa consommation d'énergie, il y a aussi la question de la résilience du réseau. Si tout le monde pouvait survivre quelques jours sans alimentation électrique, on pourrait bâtir des réseaux faits pour fonctionner non pas 99,9% du temps, mais 95% ou même moins (avec des réseaux spécialisés pour les services essentiels comme les hôpitaux, la police ou le métro). À un certain niveau de résilience, on pourrait alimenter les villes uniquement avec du photovoltaïque et de l'éolien, en dépit de leur intermittence, avec des besoins en batteries nettement réduits.
[I disconnected from the electric grid for 8 months—in Manhattan]
Score final
Solar : 10/10 🔆
Punk : 8/10 🧷
2. Ferme cubique
Je suis tombé il y a quelques temps sur cette splendide ferme autonome, contenue dans un cube de 2m de côté et constuite en matériaux de récupération, avec des petits modules empilables permettant de faire pousser un tas de trucs.
La taille des modules est étudiée pour qu'ils restent aisément manipulables (la terre, ça pèse vite lourd). Un système photovoltaïque alimente des lampes UV, les bâches sur les côtés peuvent être écartées pour servir à récupérer l'eau de pluie, et un compost placé au centre du cube dégage de la chaleur pour lutter contre le gel.
unclewilco
Alors évidemment ça paraît peut-être pas très punk, comme projet, mais mon opinion est que tout ce qui rend les villes plus vivables sans commencer par "on rase tout et on recommence" est un progrès. Là c'est exactement le genre de chose que je rêve de construire dans les quelques mètres carrés d'espace extérieur dont je dispose — sans lampes UV mais en automatisant l'arrosage, en construisant une version plate et verticale posée sur un muret, bref l'important c'est pas tant de reproduire à l'identique que de se laisser inspirer par un projet simple mais ingénieux, raisonnablement ambitieux, et extensible progressivement.
Score final
Solar : 9/10 🔆
Punk : 5/10 🧷
3. La vraie recette des crédits carbone
Sam Lavigne and Tega Brain
L'artiste australienne Tega Brain et l'artiste américain Sam Lavigne ont récemment lancé Offset, un site délicieux qui vise à calculer les émissions de C02 économisées grâce aux actions radicales de militants écolo. Une fois ce bilan établi, les sabotages peuvent devenir des crédits carbone vendables sur le marché des émissions.
Offset est une plateforme visant à générer des crédits carbone à forte intégrité à partir d'actions directes et de sabotage industriel. Le cœur de notre travail est une nouvelle méthode innovante de quantification du bénéfice climatique des actions politiques qui perturbent publiquement les émissions de carbones.
[...] La plupart des marchés existants de compensations carbone servent à préserver le statu quo plutôt qu'à combattre les causes premières de la catastrophe climatique.
La plateforme Offset, à l'inverse, comprend un registre de crédits carbone alternatifs focalisés sur les échanges sociaux et l'action politique, afin de contribuer à un programme de changement radical hautement financiarisé.
Et je serais certes surpris que les compagnies pétrolières se mettent soudain à acheter des crédits carbone à Dernière Rénovation, mais par ses sarcasmes, Offset a au moins le mérite de parler de la vaste blague qu'est aujourd'hui le marché des compensations carbone.
Offset est ouvert aux candidatures spontanées, donc si vous avez récemment saboté un pipeline, n'hésitez pas à les contacter. Ils sont également à la recherche de conseillers scientifiques.
Score final
Solar : 5/10 🔆
Punk : 8/10 🧷
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Et là, ce sera tout pour cette fois.
Soyez prudents en manif, portez-vous bien !
M.
