Au printemps dernier, j’ai fait une candidature à une résidence du ministère de la culture. Je n’avais jamais fait ça et j’étais un peu perdu — je n’avais pas grand espoir d’être sélectionné, mais c’était important pour moi d’essayer quand même.

Le projet que j’ai présenté partait d’une intuition née, elle aussi, pendant le confinement : nos vies sont globalement circulaires, routinières, avec quelques évènements qui viennent en rompre la monotonie. 2020 a jeté une lumière crue sur nos routines : une fois nos existences privées de tout ce qui ne relevait pas de la survie, on ne pouvait plus ignorer leur régularité.

Il me semblait qu’on pourrait, cette fois encore, représenter cette déambulation vaguement somnambulique sur un plan ou une carte, dont l’échelle géographique dicterait l’échelle temporelle : une ville, voire un quartier pour montrer le quotidien dans sa banalité ; peut-être tout le pays pour inclure les voyages et visites à la famille, réguliers eux aussi, d’une certaine manière ; le monde entier pour les globe-trotters et les membres de la classe créative.

Mais à mesure que je rédigeais ma proposition, j’étais à nouveau confronté à la difficulté de représenter le temps dans l’espace, surtout d’une manière qui respecterait notre expérience de la durée et de la répétition. J’ai commencé un plan de mon quartier, avec la maison, l’école des enfants, les supermarchés, la bibliothèque, le ciné, le métro, ma permanence d’écrivain public, le parc, etc.

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